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Antarctique : les calottes très vulnérables au réchauffement

Résultats

C’est ce que révèle leur histoire passée, dans une étude publiée dans Nature et co-signée par un laboratoire de l’université.

paru le 21/12/2021 - Mise à jour le 26/01/2022 (16:38)

Le navire océanographique lors de la campagne IODP374 (William Crawford)

La calotte glaciaire de l’Antarctique est très sensible au changement climatique : elle a tendance à fondre plus vite que la température n’augmente. Les conséquences sont des élévations fortes du niveau de la mer avec des impacts partout sur l’ensemble du globe. Mais il est aujourd’hui encore difficile de prévoir précisément comment cette masse colossale − plus de 60 % des réserves d’eau douce de la planète − va réagir au réchauffement, et en particulier s’il y aura des points de basculement où il sera très difficile de revenir en arrière. Notamment parce que les scientifiques ont très peu de recul, à peine une trentaine d’années d’observations satellite de son évolution, par exemple.

L’étude du passé de la calotte Antarctique et notamment des moments où sa fonte a provoqué de fortes élévations du niveau de la mer est donc cruciale. C’était le cas il y a environ 15 millions d’années où un réchauffement de la Terre a provoqué une montée exceptionnelle du niveau de la mer d’environ cinquante mètres. Des mers peu profondes ont alors inondé une partie de la Bretagne, de l’Aquitaine, etc.

Est et Ouest

La fonte de l’Antarctique y a joué un grand rôle, mais lequel exactement ? En particulier, les scientifiques débattent fortement aujourd’hui des contributions respectives des deux parties de la calotte glaciaire Antarctique, assez différentes. Les géographes ont en effet l’habitude de séparer l’Antarctique en deux parties, est et ouest, de part et d’autre d’une chaîne de montagnes (les monts Transantarctiques). La partie du continent à l’ouest est beaucoup moins grande : la calotte glaciaire du côté ouest est donc nettement plus petite, plus mince et elle s’étend également en partie sous la mer. C’est elle aussi dont la fonte s’accélère aujourd’hui, concentrant les préoccupations des scientifiques.

Or jusqu’à présent, les scientifiques pensaient que la calotte Ouest-Antarctique était restée relativement petite jusqu’à la fin du Miocène, il y a environ 10 millions d’années, et que l’élévation du niveau marin pendant la période la plus chaude des 23 derniers millions d’années était principalement due à la fonte quasi-totale de la grande calotte glaciaire Est Antarctique.

Mais une étude publiée tout récemment dans la revue Nature, dirigée par des scientifiques de l’Imperial Collège de Londres et co-signée par deux membres du laboratoire d’océanologie et de géosciences (LOG), remet en cause ce scénario : l’extension de la calotte Ouest Antarctique a été en fait bien plus grande qu’on ne le pensait jusqu’à présent pendant les périodes plus froides du Miocène. Sa fonte lors des périodes chaudes aurait donc contribué de manière significative à la remontée importante du niveau de la mer. Ce résultat inattendu va permettre une meilleure prise en compte de la contribution possible de la calotte Ouest-Antarctique dans le contexte du réchauffement climatique. Si cette calotte a joué un grand rôle dans l’élévation du niveau de la mer dans le passé, il y a des chances en effet qu’elle le refasse à l’avenir.

Une grande vulnérabilité

Les sédiments forés dans la mer de Ross, au large de l’Antarctique ont révélé la présence de matériel glaciaire transporté par la calotte glaciaire Ouest Antarctique au cours du Miocène. Ces données indiquent que cette calotte a connu au cours de la période des phases où elle s’est étendue et d’autres où elle s’est contractée. Cela confirme donc qu’elle est très sensible et donc vulnérable au réchauffement océanique et atmosphérique.

La contribution lilloise

La publication scientifique, réalisée par des scientifiques travaillant dans le cadre du programme International Ocean Discovery Program (IODP) :

doi.org/10.1038/s41586-021-04148-0

Les deux chercheurs du LOG sont impliqués dans cet article pour leurs contributions sur la caractérisation minéralogique des sédiments déposés en Mer de Ross, Antarctique. Il s’agit de :

  • François Beny, jeune docteur du LOG, actuellement en post-doctorat au centre européen de recherche et d’enseignement des géosciences de l’environnement (Cerege)
  • Viviane Bout-Roumazeilles, directrice de recherche au CNRS

Contacts

  • François.beny@gmail.com
  • Viviane.roumazeilles@univ-lille.fr