Arras : sur le chemin de l’accessibilité
Catégories : Recherche Politique de recherche
paru le 25/06/2025 - Mise à jour le 30/06/2025 (18:16)

Vingt ans après la loi handicap, faute de contrôle et de sanctions, il subsiste un écart persistant entre l’ambition affichée et les résultats réels. La France fait même plutôt figure de mauvaise élève, largement en retard par rapport à ses voisins allemands, anglais et espagnols par exemple. Ce qui n’empêche pas certaines municipalités d’être très volontaristes. C’est le cas d’Arras, qui a mis la question de l’inclusion au cœur de son projet depuis plus de 10 ans. Une dynamique impulsée par Sylvie Noclercq, arrivée au conseil municipal en 2014, qui s’amplifie lors du mandat 2020-2026, un développement appuyé par l’arrivée d’Éleonore Laloux, première conseillère porteuse de trisomie 21.
Cette politique s’est rapidement appuyée sur l’expertise du laboratoire TVES➊, et notamment, depuis 2021, sur deux de ses chercheurs : Franck Bodin, urbaniste et Marie-Lavande Laidebeur, ethnologue. Depuis plus de 20 ans, ces experts s’intéressent en effet à l’architecture et l’urbanisme inclusifs. En plus de développer des outils de diagnostic, ils sont régulièrement sollicités pour des conseils en aménagement sur des territoires qui dépassent largement les frontières métropolitaines pour aller jusqu’en Guadeloupe ou en Indonésie.
« Notre approche repose sur une recherche inclusive, systématiquement co-construite avec les principaux intéressés » explique Franck Bodin. À Arras, ils accompagnent la mise en place d’un plan d’actions à partir de 2022. « Ville moyenne, Arras a pourtant le patrimoine culturel et festif d’une grande et attire de nombreux visiteurs, explique Sylvie Noclercq. Mais c’est aussi une ville historique : l’idée n’était donc pas de tout refaire mais de proposer des adaptations et outils pour une meilleure expérience des personnes fragiles » : déploiement d’un système de pictogrammes indiquant le niveau d’accessibilité des structures (Picto Access), installation d’aires de jeux inclusives et de feux tricolores à décompte, organisation d’un festival Incluthon, mise à disposition d’une incluthèque➋, lancement d’un musée virtuel inclusif… L’inclusion est dorénavant pensée dans toutes les dimensions des actions de la ville, que ce soit dans l’aménagement urbain, la culture ou l’éducation.. ■
➊ Notamment par un premier travail avec des étudiants de master sur le cheminement des personnes à mobilité réduite entre la gare et la maison de services de proximité.
➋ Boîte à outils qui permet de rendre les événements plus inclusifs : casque anti-bruits pour les personnes présentant un trouble autistique, boucles auditives numériques permettant de « nettoyer le son » et gilets vibrants pour les malentendants, rampe d’accès, salle de change mobile, etc.