Avec les collectivités, la recherche pour passer à l’action
Zéro artificialisation nette (ZAN) : la notion apparue dans la loi en 2021 est l’une des nombreuses nouveautés auxquelles sont confrontées les collectivités sans toujours savoir comment y faire face en pratique. C’est l’un des nombreux exemples où les équipes de recherche peuvent leur venir en aide, grâce à la boutique des sciences de l’Université de Lille et un partenariat avec l’Ademe.
La boutique des sciences a ainsi accompagné le syndicat mixte du Pays du Calaisis pour réfléchir au devenir de plusieurs friches de son territoire en respectant la ZAN. Mais, des projets, il y en a eu bien d’autres. Quelle est la situation de la précarité alimentaire dans la communauté d’agglomération d’Hénin-Carvin et comment cette dernière peut y remédier ? Comment les habitants de Tressin et les acteurs locaux peuvent-ils imaginer ensemble l’avenir de la ligne ferroviaire Ascq-Orchies ? Comment le centre communal d'action sociale (CCAS) de Dunkerque peut concevoir un centre d’hébergement pour les sans-abris, à partir de leurs besoins et pensé pour la sobriété environnementale ?
La boutique des sciences a, par exemple, participé à la structuration d’une instance citoyenne, le « conseil écologique local » (CEL), pour enrichir la politique écologique de la ville de Villeneuve d’Ascq, à la demande de ses élus. « Le CEL a d’ores et déjà donné naissance à deux projets de recherche, indique Thomas Cazin, chargé de recherche participative à la boutique des sciences. L’un sur la qualité de l’air à travers l’utilisation de micro-capteurs de pollution déployés par la ville, et l’autre sur le développement des circuits courts avec les agriculteurs locaux. »
« Nous ne sommes pas un cabinet qui répond à une commande, souligne sa collègue Caroline Douce. Nous jouons un rôle d’intermédiaire entre recherche et collectivités et proposons un accompagnement sur-mesure, pour que ces acteurs co-construisent et mènent ensemble un projet de recherche. » La première étape est souvent un travail collectif de définition et de priorisation de la question de recherche avec les différent·es acteur·ices concerné·es. « Par exemple, le département du Nord nous a contacté afin de mener une recherche au sujet de la sobriété énergétique des bâtiments des musées thématiques du Nord, raconte Thomas Cazin. L’intégration des musées dans le collectif de recherche a permis de réorienter la question sur la mobilité des visiteur·euses (parking vélo, recharge de voiture électrique, etc.). »
En général, un·e ou plusieurs étudiant·es en master travaillent sur le sujet, souvent dans le cadre d’un stage de 6 mois, encadré·es par un·e chercheur·se de la région − avec un coût d’environ 4000 euros par an, pris en charge par la collectivité ou la boutique des sciences (2 ou 3 par an). « De plus en plus, nous allons accompagner l’émergence de projets de recherche co-construits plus ambitieux », se projette Caroline Douce, en enclenchant une recherche de plus long terme, par exemple avec une thèse➊ ou en répondant à des appels à projets réunissant un collectif de recherche plus conséquent et interdisciplinaire. ■
➊ Souvent via une convention industrielle de formation par la recherche (Cifre).