Chloé Bacq : apprendre en aidant

Développement territorial Dynamisme de la formation

Création d’entreprise, logement insalubre, licenciement, harcèlement… nombreuses sont les situations du quotidien risquant de s’envenimer faute d’un éclairage juridique adéquat. Mieux informer et orienter, telle est la mission de la clinique juridique de Lille, comme le raconte sa présidente, Chloé Bacq.

paru le 10/01/2025 - Mise à jour le 10/01/2025 (18:47)
Une jeune fille, des livres à la main, dans un hall

Chloé Bacq

« Quand j’ai entamé mes études de droit, raconte Chloé Bacq, je me suis bien rendu compte de la difficulté que peut avoir le grand public à appréhender toutes ces notions que je découvrais moi-même. » Soucieuse de fournir son aide, elle assistait déjà, depuis le début de sa licence, ses camarades en situation de handicap, en leur transmettant ses notes et lors des examens. Elle découvre alors le concept de clinique juridique, dispositif théorisé et mis en œuvre après la Première Guerre mondiale aux États-Unis, et qui se développe un peu partout en Europe depuis les années 2000, selon des modèles très différents. L’idée est d’accueillir des usagers, de décortiquer leur demande et leur fournir une information juridique gratuite. « Ce n’est pas du conseil, la mission d’une clinique est d’informer et d’orienter. » En France, les cliniques juridiques sont peu nombreuses, et celle de Lille est l'une des plus développées. Elle est portée par une association d’étudiants, indépendante de la faculté.

Alors qu’elle achève un poste de vacataire au tribunal judiciaire de Béthune à la fin de sa 2e année de licence, Chloé Bacq est séduite par « l’expérience métier » que lui paraît offrir la clinique juridique, en plus de la possibilité de rendre accessible le jargon juridique auprès du plus grand nombre. « J’ai candidaté pour être clinicienne en droit pénal et je me suis rendu compte, en plein entretien, que je postulais en réalité pour l’encadrement du pôle ! Je ne me suis pas démontée et j’ai obtenu ma place en tant que co-directrice du pôle pénal. » L’expérience lui ayant beaucoup plu, elle intègre, l’année suivante, le bureau en tant que secrétaire générale, puis en tant que présidente en avril 2024. Le bureau s'appuie sur une équipe encadrante qui dirige par binômes chacun des 10 pôles thématiques de la clinique.

Concrètement, les demandes arrivent depuis le formulaire de contact du site web➊. L’association commence, en effet, à être connue via le bouche-à-oreille, et via sa présence sur certains forums associatifs et événements grand public comme Lille neige ou la braderie de Lille. « La plupart de nos usagers sont étudiants, anciens étudiants ou famille d’étudiants. Même si c’est très variable, nous recevons en moyenne une dizaine de demandes par mois, la majeure partie concernant le droit pénal, du travail, de la famille, des affaires et celui de la consommation. » Si un avocat, un conciliateur ou un médiateur a déjà été saisi dans le cadre d’une procédure, la requête est automatiquement rejetée. Sinon, la demande est attribuée à l’un des pôles thématiques de la clinique, qui désigne, parmi ses membres, un binôme de « cliniciens » pour la traiter (deux si la demande concerne deux pôles).

Un rendez-vous est alors donné en présence des cliniciens mais également d’un avocat bénévole, qui veille au respect des règles déontologiques et fait un retour aux étudiants après la séance. Les usagers sont accueillis dans une salle, près de l’entrée, que la faculté met à disposition de la clinique. Au total, une demande met environ trois semaines à être traitée.

« Je continue de beaucoup apprendre au sein de la clinique, tant dans l’étude des cas concrets que sur la partie management d’équipe. C’est une expérience très professionnalisante pour la suite. » Accessible uniquement à partir de la troisième année, l’association permet, en effet, à 300 étudiants « cliniciens » (20 à 30 par pôle) de se confronter à la réalité du terrain. Recrutés selon leurs motivations, ils s’engagent sur une année scolaire de septembre à mai. Il est tout à fait possible de postuler dans une branche autre que celle de son parcours de formation afin de découvrir un nouveau domaine.

S’engager en tant que clinicien permet, en outre, aux étudiants de valider des heures d’une unité d'enseignement destinée à affiner leur projet professionnel. ■

 

➊ La clinique propose également des activités annexes comme l’organisation d’événements (concours de plaidoirie) ou la rédaction d’articles juridiques en lien avec des doctorants.