Climat : les archis se mouillent

Catégories : Développement territorial Dynamisme de la formation

Des apprentis architectes et paysagistes ont été mobilisés dans le Pas-de-Calais pour faire face au risque d’inondation.

paru le 25/06/2025 - Mise à jour le 30/06/2025 (18:16)

Un jeune homme et une jeune fille au micro, un dessin de terrain agricole derrière eux, et une maquette devant. Assis, des habitants.

Présentation et échanges des étudiants en architecture avec les habitants de Blendecques

Après le débordement de l’Aa en novembre 2023 qui a sinistré plusieurs communes près de Saint-Omer, le collectif associatif « Construire ensemble l’habitat résilient et régénérant (Cocon) » a lancé un concours pour « penser l’habitat autrement » proposé aux étudiants de master de l’École nationale supérieure d’architecture et paysage de Lille (ENSAPL). Hébergés sur place pour un diagnostic sur le terrain, ces derniers sont allés à la rencontre des habitants sinistrés de la commune de Blendecques et leur ont livré des premières propositions mi-novembre. Passerelles, bâtiments sur pilotis, ceinture maraichère… pas moins de 7 projets différents ont été présentés.

L’accueil a d’abord été plutôt mitigé. « Certains d’entre nous ont pu être déçus car les projets leur semblaient utopistes, irréalisables voire inadaptés. » avoue Valérie Caron, une habitante qui n’avait pas caché son scepticisme lors de ce premier rendu. « Cette rencontre a été presque thérapeutique pour certains, encore traumatisés des inondations et qui avaient parfois même du mal à s’exprimer sur le sujet » confirme Anne Josnin, la coordinatrice du Cocon.

Après avoir revu leur copie, les étudiants sont revenus fin janvier, avec un accueil plus serein cette fois. Valérie se souvient « Nous nous sommes sentis écoutés car les étudiants avaient pris en considération nos remarques. On a surtout compris que même si c’était des projets de longue haleine, ils étaient réalisables et nécessaires. Très pédagogues, les étudiants nous ont notamment sensibilisés à l’importance de la végétalisation des sols et de la récupération des eaux de pluie.» Pour cette deuxième restitution, des représentants de la région et des assurances étaient présents, et ont confirmé, depuis, leur engagement en faveur du financement de certains projets. Alors que le collectif et les habitants imaginent déjà Blendecques en territoire expérimental, vitrine d’un urbanisme nouveau et réfléchi face au changement climatique, une nouvelle génération d’architectes en herbe devrait prolonger l’aventure l’année prochaine, réaffirmant l’importance des étudiants comme passeurs de savoirs, capables de retisser le dialogue entre habitants et institutions en période de crise. ■

 

« Savoir pour qui on aménage »

Étudiante en architecture, Mathilde a proposé des solutions intégrant le risque d’inondation pour les habitations actuelles mais également pour les constructions à venir. Apprenti paysagiste, Corentin a lui davantage exploré les déplacements : « Notre groupe a proposé l’aménagement d’un parcours le long de l’Aa, ponctué de points d’intérêts entre le musée de la coupole et l’ascenseur à bateaux, afin de rendre davantage visible le fleuve et son évolution ». Ne sachant pas si leurs projets verront le jour, ils ont intégré dans leurs plans des espaces refuges en cas d’inondations, réalisables rapidement en attendant des aménagements plus pérennes. Unanimes sur le caractère enrichissant de cette expérience, ils retiennent tous deux l’importance du diagnostic sociologique dans la réflexion autour des projets « Il ne s’agit pas seulement de savoir pourquoi on fait tel ou tel aménagement mais pour qui ». ■

Parmi les projets, celui d’une « maison des inondations » devrait voir le jour assez rapidement : un lieu de rencontre et de travail, d’exposition des maquettes des étudiants, mais surtout un lieu de souvenirs « C’est très important pour nous de ne pas oublier cet épisode » insiste Valérie Caron. ■