Industrie : des besoins grandissants
Ils recrutent ! Les industriels dunkerquois, interrogés par l'étude de la chambre de commerce et d’industrie des Hauts-de-France, dans le cadre de Dunkerque 2030, ont besoin d'embaucher. Ils pointent plusieurs pénuries majeures de main d'œuvre dans la maintenance, dans l'automatisation et l'électricité, et dans une moindre mesure le management, le génie civil et la mécanique. Ils recrutent aussi dans la foulée de projets gigantesques qui vont marquer de leur empreinte tout un écosystème régional : la construction de deux EPR à Gravelines, et celle de plusieurs gigafactories (ACC, Envision, Verkor…) pour la fabrication de batteries, qui devraient générer au bas mot une dizaine de milliers d’emploi.
Seul problème, huit entreprises (sur dix citées dans l’étude) rencontrent des difficultés de recrutement. Selon 85 % d’entre elles, c’est à cause du manque de candidats pour les profils recherchés, notamment en raison de l'image des métiers industriels, mais aussi de la formation disponible sur le territoire, qui ne correspond pas aux compétences dont elles auront besoin à l'avenir.
Côté gigafactories, la mobilisation est en marche avec le projet Électro’Mob rassemblant industriels de l’automobile et organismes de formation des Hauts-de-France, sous l'égide de la région et du rectorat, qui participent avec l’État au financement de ce projet France 2030. Les besoins se répartissent principalement entre opérateurs (niveau CAP/BEP/bac pro) pour un peu moins de la moitié, techniciens (IUT/BTS) pour un quart, et le reste de cadres et d'ingénieurs. « Dans les départements d’IUT concernés, nos étudiants peuvent déjà s’appuyer sur un bagage important leur permettant de bien appréhender les technologies des batteries, explique Mathieu Beaucamp, de l’IUT de Lille, coordinateur de la partie IUT à Électro’Mob, que nous allons compléter dans le cadre d’Électro’Mob en faisant évoluer 5 à 10 % du contenu des formations. »
« Ces rapprochements avec les industriels sont vraiment importants, souligne Mathieu Beaucamp, ils nous ont permis de mieux connaître les équipements qu’ils utilisent, par exemple pour les tests massifs en parallèle de cellules de batterie », des matériels professionnels que les étudiants en IUT utilisent dans leur formation depuis septembre, grâce à des financements du projet Électro’mob. Lequel mène bien d’autres actions, comme la construction de plusieurs plateaux techniques de formation, dont le Battery Training Center inauguré à Douvrin en juin 2023. ■
Attractivité : au-delà de l'emploi
Pour les Hauts-de-France, le défi de l’emploi se double d’un enjeu démographique.
Une étude récente indiquait que le nombre de 15-39 ans habitant la région pourrait diminuer de près de 12 % d’ici 25 ans, une baisse affectant notamment les diplômés du supérieur et les zones littorales. Avec pour cause, notamment, l’irrésistible attrait des grandes métropoles. « Pour attirer des populations diplômées, explique Christophe Demazière, professeur en urbanisme à l’Université de Lille, bien d'autres paramètres que l’emploi entrent en ligne de compte, comme la qualité de vie, le besoin de nature, de loisirs, la présence de bars, de restaurants, etc. » Ceux qui viennent d’autres régions ou de l’étranger, ont tendance à se fixer là où se concentrent les services de haut niveau : présence d’écoles internationales, d’importants aéroports à proximité, etc. En clair, ce n’est pas seulement Dunkerque, qui déploie par exemple navettes et zones sans parking pour anticiper d’éventuelles congestions automobiles avec ses gigafactories, mais aussi Lille qui doit essayer de prévoir d’éventuels problèmes d’infrastructures, ou de logement, dans un contexte de zéro artificialisation nette. « D’où l’importance de former localement, souligne Christophe Demazières, des étudiants qui auront plus de chances de rester. » ■