Essais d’images de différentes largeurs

Cette page présente plusieurs essais de largeurs d’images, parfois dans des éléments de contenu particuliers.

paru le 11/03/2022 - Mise à jour le 03/07/2024 (10:13)

En règle générale, ce sont toujours les mêmes morceaux choisis qui sont sélectionnés, et ce, depuis plus d’un siècle. Par exemple, c’est toujours la première scène de l’acte I du Misanthrope qui constitue le morceau privilégié des anthologies du second cycle pour illustrer les caractéristiques de la scène d’exposition.

C’est surtout dans l’approche du personnage et non dans la lecture globale de la pièce que l’on peut constater des évolutions. À chaque époque correspond sa vision des « héros » moliéresques.

Ainsi, Harpagon est exploité pendant longtemps comme un contre-exemple à proposer à la jeunesse pour ancrer les sacro-saintes valeurs de la famille. Jusqu’au milieu du XXe siècle, dans une perspective axiologique, c’est son côté odieux et inquiétant qui intéresse les auteurs des manuels. La lecture s’inverse ensuite en donnant à lire avant tout le personnage comme un rôle comique.

Une image directement dans le corps du texte

L’exemple de Dom Juan est, lui aussi, très révélateur. Jusque dans les années 1970, on le stigmatise en contre-exemple et on condamne le « grand méchant homme ». À partir des années 1980, la tendance s’inverse et les manuels interrogent la complexité du personnage qui incarne la volonté de puissance de l’être humain, un désir forcené et désabusé de liberté qui fascine.

Rabourdin et sa femme crurent à la mystérieuse puissance indiquée par le vieux commissaire-priseur. Emportés par l’espérance et par le laissez-aller que les premières amours conseillent aux jeunes mariés, monsieur et madame p. 137 Rabourdin dévorèrent en cinq ans près de cent mille francs sur leur capital. Justement effrayée de ne pas voir avancer son mari, Célestine voulut employer en terres les cent mille francs restant de sa dot, placement qui donna peu de revenu ; mais un jour la succession de monsieur Leprince récompenserait de sages privations par les fruits d’une belle aisance.

Incroyable

C’est l’intérêt de plus en plus croissant porté au travail du plateau qui permet le renouvellement dans les manuels de la lecture du personnage moliéresque. En effet, c’est souvent dans la confrontation des mises en scène d’une pièce à différentes époques que se situe la richesse de l’analyse d’une comédie de Molière. Cette constatation illustre le fait qu’aujourd’hui, la lecture scolaire d’une pièce de Molière ne peut être dissociée de ce qui en fait une œuvre théâtrale.

La lecture du théâtre de Molière passe toujours par le prisme du penseur par le rire mais l’image du dramaturge est celle d’un artiste complet. Aux côtés de mises en scène classiques, on montre aux élèves des choix scénographiques qui transposent les comédies de Molière dans un autre univers que celui de sa création initiale. Par ces photographies, le texte de Molière entre en résonance avec le monde d’aujourd’hui.

Ainsi, dans les manuels, depuis plus d’un siècle, les mêmes comédies demeurent toujours très présentes ; mais, elles ne peuvent être accessibles à la jeunesse que si elles sont actualisées par des photographies de mises en scène qui permettent aux adolescents de comprendre que la lecture de Molière est toujours d’actualité parce qu’il nous parle de problèmes qui nous concernent encore.

La question qui intéresse maintenant les chercheurs est la direction de ce lien. Est-ce qu’on comprend parce qu’on est expressif à l’oral ou est-on expressif car on a compris le texte ? L’hypothèse actuellement privilégiée est que ce lien fonctionne dans les deux sens. Lire à voix haute en ajoutant de l’expressivité demande d’avoir compris le texte mais permet aussi de mieux comprendre ce texte.

Un bon lecteur qui lit à voix haute semble raconter une histoire. Il lit comme il parle. On peut entendre des pauses, des variations de rythme, de mélodie et d’intensité qui vont donner vie au discours et permettre à celui qui écoute de le comprendre. Cette musique du langage, c’est ce qu’on appelle la prosodie.

Le premier élément fondamental de la prosodie est le phrasé. Le lecteur va placer des pauses et varier son intonation pour mettre en valeur les frontières du texte, c’est-à-dire là où il est nécessaire de s’arrêter pour bien comprendre. On va par exemple s’arrête à un point pour marquer la fin de la phrase, ou entre deux propositions pour en marquer la limite. Ainsi le phrasé permet de découper le texte pour mieux le comprendre.