« L’archéologie en partage »

Catégories : Recherche Science & société

Apprenti-archéologue sur un site mythique de la Grèce antique, Matéo Boussin transmet aussi sa passion en collège et lycée lors d’ateliers pédagogiques, tout en menant de front une foule d’activités…

paru le 25/06/2025 - Mise à jour le 30/06/2025 (18:16)

Un jeune homme souriant se tient devant une ouverture type porte cochère, en arrière-plan des immeubles en pierre

Matéo Boussin

Grèce, Delphes, 7h du matin. Une équipe d’une quinzaine de personnes s’apprête à entamer une nouvelle journée de fouilles sur la terrasse naturelle de Marmaria. Parmi elles, Matéo, 22 ans, étudiant en 3e année de licence Archéologie à l’Université de Lille. « La meilleure expérience de ma vie ! » confie le jeune homme, lorsqu’il relate, enthousiaste, ces six semaines sur le terrain. Malgré les conditions extrêmes (le thermomètre grimpe à 40 degrés chaque jour, pas de point d’eau sur place, il faut emporter, sur son dos, gourdes et matériel, pour accéder au site…) et l’effort physique que représente une campagne de fouilles, Matéo se sent à sa place, dans une bulle « hors du temps ».

Impliqué et motivé, mais timide, c’est sous l’impulsion de sa professeure Sandrine Huber➊, qu’il postule pour participer aux fouilles du site de Delphes. Sélectionné pour partir dans ce cadre extraordinaire, il a « la chance de toucher des objets demeurés enfouis pendant plus de 2 000 ans ».

Pourtant, les choses auraient pu être différentes. Après le bac, attiré par la justice et son rôle dans la vie des citoyens, c’est à la faculté de droit qu’il commence ses études supérieures. Pendant deux ans, il confronte ses idéaux à la pratique. Le domaine ne lui plaît pas, il s’accroche quand même, mais le gouffre se creuse et il faut se rendre à l’évidence ; cette formation n’est pas faite pour lui. C’est un mal pour un bien. Car après une réorientation, Matéo s’inscrit en licence Histoire de l’art et archéologie, domaine qui lui rappelle une saga qui a bercé son enfance, Indiana Jones. C’est une révélation : « Voilà ce que c’est, d’aimer ses études ! » constate-t-il. Convaincu d’avoir enfin trouvé sa voie, il s’investit à 100 %. Désormais, sa route est toute tracée. Pour son master, il a déjà son sujet de mémoire de recherche en tête, sur les monnaies antiques, et souhaite poursuivre ses études jusqu’au doctorat.

Sa persévérance est rapidement récompensée. Passionné par l’idée de partager et pourquoi pas faire naître des vocations, sa candidature pour animer des ateliers pédagogiques auprès de collégiens et de lycéens (activité normalement réservée aux étudiants de master) est acceptée par le programme Les Sciences infusent➋. Adapter son discours, mais aussi mêler théorie et pratique pour retenir toute l’attention de son audience, Matéo ne rencontre aucune difficulté et apprécie particulièrement ces temps d’échange. Dans ces courts moments au contact du jeune public, il endosse le rôle « d’intermédiaire d’une plus grande histoire » celle qui nous dépasse et qu’il aime transmettre.

Absolument habité par son sujet, l’étudiant est animé par une passion dévorante. Entre les cours, les ateliers pédagogiques, un petit job le week-end au musée Somme 1916 à Albert (80) et l’association des étudiants en archéologie dont il est le secrétaire, comment fait-il pour encore trouver le temps de lire (il est fervent amateur de science-fiction et de "fantasy") et d’animer au Kino (cinéma de l'Univeristé de Lille) une fois par mois, un ciné-club où chaque projection est suivie d’une analyse filmique ? Réponse : Au-delà d’une détermination sans faille et d’accepter « quelques loupés », il faut se lever à 5h30 tous les matins. À bon entendeur… ■

 

➊ Directrice de l’unité de recherche Histoire, archéologie et littérature des mondes anciens (Halma)

sciencesinfusent.univ-lille.fr