Informatique : casser les codes du genre
![Deux jeunes filles face à des écrans d’ordinateur](/fileadmin/_processed_/f/d/csm_ITW-MAG-les-Pixelles-9000-800x450_022082b7e5.jpg)
Une séance de l’atelier
Elles ont entre 12 et 15 ans et viennent de collèges et lycées du secteur à Villeneuve d’Ascq, Hellemmes ou Lille. Chaque mercredi après-midi, elles se retrouvent dans les locaux du laboratoire de recherche CRIStAL à Cité scientifique, et s’installent derrière un ordinateur pour y apprendre à coder. Le groupe parité-égalité du laboratoire CRIStAL, autour d’Hélène Touzet, mène depuis plusieurs années des actions à destination des jeunes filles. « L’idée des Pixelles est née d’un appel à projets pour l’organisation de stages et clubs informatiques réguliers, lancé par la fondation Blaise Pascal➊, explique Mathieu Giraud, l’un des membres de ce groupe. Être lauréat·es de cet appel nous a permis de recruter deux médiatrices, Margaux et Mathilde, en master et en première année de thèse. Elles ont ensuite été formées par Les sciences infusent, le programme de médiation scientifique de la direction de la valorisation de la recherche. »
Pour cette première année, une vingtaine d’établissements (collèges et lycées) accessibles en métro et aux alentours de Villeneuve d’Ascq ont été démarchés. En plus du bouche-à-oreille, cela a suffi pour remplir les 30 places (deux groupes de 15) prévues. Pour Olivia, en seconde au lycée Pasteur, ce rendez-vous hebdomadaire est un bon moyen d’orienter sa recherche de stage, obligatoire en seconde. Après 3 premières séances où elle a pu découvrir l’impression 3D notamment au sein du Fabricarium de Polytech, cela fait maintenant deux séances qu’elle apprend à coder avec le langage de programmation Python. « C’est sympa de se retrouver juste entre filles, précise-t-elle. J’ai rencontré de nouvelles personnes et le contenu des ateliers me plait beaucoup pour le moment. »
Pendant les séances, les médiatrices passent d’un poste à l’autre pour répondre aux sollicitations des jeunes filles et les aider à avancer. Elles s’appuient sur des supports en ligne proposés par France-IOI, une association qui développe des contenus pour découvrir la programmation informatique, à laquelle a contribué Marielle Léonard, qui vient de soutenir sa thèse à CRIStAL sur la didactique de l’informatique. « Sous forme de petits jeux, les jeunes progressent en toute autonomie et à leur rythme », explique Mathilde. Les profils sont en effet très différents, certaines découvrant totalement le code et d’autres l’ayant déjà un peu pratiqué. « Aujourd’hui dans mon équipe de recherche, nous sommes plusieurs femmes, mais au cours de mes études, j’étais souvent la seule représentante féminine de ma classe. Partie pour faire des études de mathématiques, j’ai d’ailleurs longtemps pensé que l’informatique n’était pas pour moi, à cause de ces clichés justement ! » regrette-t-elle.
Les plus jeunes de la classe, Elvire et Camille sont en 5e, dans des collèges lillois. Elvire n’est clairement pas là par hasard car sa maman est elle-même chercheuse en mathématiques à l’université. Musique, dessin, et même éthologie… la jeune fille semble particulièrement curieuse. Même si elle ne pense pas s’orienter vers les métiers de l’informatique, elle est persuadée que savoir coder peut être très pratique, notamment pour faire des « mods➋ » sur les jeux vidéo comme Minecraft… Bien renseignée sur les questions de sexisme, elle se réjouit de ce moment partagé entre filles, et estime que « les garçons de son âge ne sont pas suffisamment matures. »
Pour les chercheuses et les chercheurs qui coordonnent le stage, il y a un véritable enjeu à sensibiliser les jeunes filles dès cet âge. C’est en effet une période importante qui précède un choix d’options qui doit s’effectuer au lycée. Mathieu rajoute : « Il est très important de casser les codes, afin que ces futures étudiantes ne fassent pas de choix d’orientation par dépit. » ■
➊ Spécialisée dans la médiation scientifique en mathématiques et informatique.
➋ Module de code qui s’ajoute à celui du jeu vidéo original, pour en modifier une fonctionnalité.