Sciences : faire de la place aux femmes
paru le 25/06/2025 - Mise à jour le 27/06/2025 (17:41)

En principe, l’école réussit mieux aux filles, qui sont nettement plus nombreuses, par exemple, à atteindre l’enseignement supérieur. Le problème est que les garçons sont majoritaires dans les filières qui mènent aux emplois les plus valorisés symboliquement et économiquement. C’est pourquoi la faculté des sciences et des technologies (FST) de l’Université de Lille s’implique dans un ensemble de dispositifs qui agissent notamment sur les représentations genrées des disciplines et visent à une prise de conscience collective.
Car, comme ailleurs en France, la FST accueille moins de jeunes femmes (41 %) que de garçons, alors qu’elles sont 56 % au total à l’université. En outre, ces dernières se répartissent préférentiellement dans certaines filières : elles composent 63 % des effectifs en biologie, mais seulement 23,9 % en informatique et 19 % en mécanique. Bien plus qu’un mécanisme d’auto-censure, il s’agit là d’une spirale négative : par tout un ensemble de biais implicites➊, la société indique aux filles que ce sont là des « domaines de garçons ». La preuve, constatent-elles, nous y sommes largement sous-représentées… Les études montrent que les filles réussissent moins bien un exercice quand celui-ci est dit « de géométrie » (matière associée aux garçons) que quand il est dit « de dessin ». Les biais commencent dès l’école (appréciations valorisant l’attitude des filles, et les capacités intellectuelles des garçons). En outre, la réforme du bac en 2019 a enrayé une dynamique positive qui avait vu la part des filles étudiant les mathématiques en terminale atteindre presque la moitié des effectifs, pour revenir aujourd’hui à environ 40 %, son niveau de 1994.
L’étude des manuels scolaires le confirme : ceux-ci associent très peu de figures féminines aux filières scientifiques et technologiques, hors exceptions qui semblent souvent inatteignables (Marie Curie…). C’est pourquoi la faculté a décidé de travailler spécifiquement sur la mise en avant de femmes jouant le rôle d’exemples « role models ». Outre une exposition photographique en mars 2025 mettant en avant les femmes de la faculté, celle-ci est impliquée dans différents programmes. Par exemple, « Les fourmis {éclairées} » proposent des stages gratuits à des lycéennes des Hauts-de-France, généralement issues de zones rurales ou de quartiers prioritaires. Pendant une semaine, elles travaillent sur des problèmes concrets, rencontrent des personnalités, découvrent des laboratoires scientifiques… Elles bénéficient par la suite d’un accompagnement par deux marraines, l’une étudiante et l’autre professionnelle. D’autres actions ciblent spécifiquement le numérique, avec des collégiennes et lycéennes (ateliers hebdomadaires avec « Les Pixelles », stages d’observation avec « L décodent l’@venir », etc.). Des dispositifs visent également les enseignants, avec un jeu de cartes sensibilisant à la persistance des inégalités de genre. ■
➊ « Lutter contre les inégalités de genre en matière d’éducation », A.-L. Druon, M. Nassiri et M. Pupin, dans Lutter ensemble contre les inégalités ?, PUS, 2025.