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Travaux publics, un métier de femme ?

Formation Professionnalisation

Diplômée de Polytech Lille en 2021, Bettina Benoist est conductrice de travaux chez Freyssinet, une référence mondiale du groupe Vinci basée à Haubourdin, spécialisée dans la construction et la réparation de structures. En tant qu’ingénieure travaux en génie civil, elle exerce un métier complet intégrant une partie sur chantier, où les femmes trouvent doucement leur place.

paru le 28/06/2024 - Mise à jour le 28/06/2024 (17:14)
Visage de B. Benoist, cheveux au vent

Bettina Benoist

Comment se sont passées vos études à Lille ?

Je suis arrivée à Lille en 2018 après une prépa intégrée à Nantes dont je suis originaire. Intégrant une spécialité génie civil réputée masculine, je m’attendais à moins de filles, or nous représentions un quart de la promo. Même si notre vie étudiante était très concentrée sur l’école, j’ai régulièrement participé à la vie de campus à Cité scientifique, que ce soit en me rendant à la bibliothèque universitaire ou à la maison des étudiants ou en utilisant les infrastructures sportives. J’en garde un très bon souvenir !

Votre métier est-il plus compliqué à exercer quand on est une femme ?

Mon activité est très complète, elle va de la préparation administrative d’un chantier, au contrôle après sa réception en passant par le pilotage d’études et la gestion d’équipes pendant les travaux. Je suis plusieurs chantiers en parallèle et passe 2 ou 3 jours par semaine sur le terrain. Pour exercer ce métier, il faut être organisé, polyvalent et avoir des connaissances techniques, ce n’est donc pas plus une affaire d’homme que de femme. C’est plutôt mon inexpérience qui m’a un peu gênée au départ. On a beau avoir des bases théoriques solides et quelques stages terrain à notre actif à la sortie d’école, il nous manque parfois quelques connaissances sur le plan technique ou en management, mais j’ai depuis beaucoup appris sur le terrain. Dans le rapport aux équipes et aux hommes en particulier, on a parfois droit à des remarques déplacées en tant que jeune femme. Je pense avoir réussi à me faire ma place mais ce n’est pas toujours facile de trouver le juste milieu, sans être trop rigide et se mettre à dos des collègues, ni être trop laxiste.

Avez-vous gardé des liens avec l’université ?

Depuis mon arrivée chez Freyssinet, nous participons régulièrement aux forums Open’Stages. Nous avons d’ailleurs récemment embauché une de nos stagiaires qui venait également de Polytech. J’interviens aussi parfois auprès des élèves de l’école à la demande de certains professeurs. Je suis également investie dans l’association « Elles bougent » qui vise à déconstruire les stéréotypes et met en avant auprès des jeunes filles les carrières techniques et en ingénierie. J’ai moi-même croisé étant plus jeune des personnes qui ont tenté de me dissuader de m’orienter vers ces filières et c’est un combat qui me tient à cœur aujourd’hui. Je participe notamment dans ce cadre au challenge Innovatech 100 % féminin, en coachant des équipes de lycéennes et étudiantes autour de projets d’innovation technique. ■