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Un anthropologue de l’université lauréat de la Fondation de France

Recherche Talents

Benoît Bertrand est primé pour ses recherches sur l’apport du carbone 14 dans les expertises médico-légales.

paru le 08/07/2022 - Mise à jour le 08/07/2022 (17:16)

Le 27 juin dernier à Grenoble, la Fondation de France a remis à Benoît Bertrand, anthropologue médico-légal à l’unité de taphonomie médico-légale et d’anatomie (UTMLA¹), le prix international − fondation Pr Charles Massias. Nourries d’une fréquentation de longue date avec l’archéologie, ses recherches visent notamment à faire de la datation au carbone 14 un outil robuste et efficace à disposition de la communauté médico-légale. Celle-ci est en effet régulièrement confrontée à une question pressante de la part de la justice : à combien de temps remonte le décès de tel individu, dont les ossements viennent d’être découverts ? Car au-delà de vingt ans, il y a prescription et la justice n’a plus à s’y intéresser. Or en l’absence de données contextuelles fiables, cette estimation est souvent très délicate à établir.

Les experts médico-légaux ont longtemps laissé de côté la datation au carbone 14, utilisée en archéologie pour des périodes souvent beaucoup plus anciennes − jusqu’à 50 000 ans environ − la trouvant trop imprécise. Pourtant, elle a fortement progressé pour les époques les plus récentes. Les scientifiques ont en effet un repère de choix pour étalonner leurs mesures : la multiplication des essais nucléaires à l’air libre sur fond de guerre froide dans les années 1960, qui a fait pratiquement doubler la concentration de carbone 14 dans l’atmosphère à cette période. L’évolution de cette dernière aux XXᵉ et au XXIᵉ siècles est désormais très bien connue. Ce qui permet d’envisager son application pour déterminer à quelle date est mort un individu vivant à la période contemporaine…

C’est ce sur quoi portent les recherches de Benoît Bertrand et ses collègues, en collaboration avec l’Université de Coimbra au Portugal. Elles ont pour but de valider la méthode, en s’appuyant notamment sur un large référentiel documenté constitué de sujets décédés à la fin du XXᵉ et au début du XXIᵉ siècle. Elles prévoient en effet de mesurer les niveaux de carbone 14 enregistrés au moment du décès dans différents tissus, osseux et dentaires, d’un même individu, afin d’améliorer la précision de la datation du décès. Leurs études se pencheront tout particulièrement sur les décès proches de la date de prescription des poursuites, en France et ailleurs.

En parallèle, Benoît Bertrand continuera d’autres recherches également distinguées par le prix, qui visent à déterminer l’âge qu’avait l’individu à sa mort. Elles se basent sur une technique relativement analogue à l’analyse des cernes de bois, la cémentochronologie. Elle est basée sur l’étude du dépôt régulier d’un tissu biologique qui recouvre les racines des dents.


¹ Univ Lille